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Rando au pays des mille collines
Très branché « rando », j'ai toujours été attiré par les dénivelés (surtout positifs) et en recherche de paysages vallonnés. Ce fut un des moteurs de mon émigration du Hainaut occidental vers la Gaume en l'an 2000.
Le « Pays des Collines » ne m'est donc plus inconnu depuis longtemps (de même que le breuvage local, la Quintine). Ellezelles, Frasnes ou Flobecq possèdent bien des trésors pour les randonneurs !
Par association, l'expression « Pays des Mille Collines » me faisait gamberger depuis longtemps, d'autant que j'aime beaucoup l'Afrique. Le désir de le parcourir à pied me trottait dans la tête. Le plongeon vers la retraite était le moment idéal pour concrétiser ce rêve.
Préparation et début du voyage
Fin janvier de cette année, avec trois ami(e)s, Paulette, Marie-Ange et Bruno, plus ou moins expérimenté(e)s en matière de randonnée, nous nous embarquions dans l'avion en direction du Rwanda avec pour objectif, notamment, de découvrir une partie de ce pays à pied. Au programme, finalisé avec un contact local, le Congo Nile Trail (CNT dans la suite du texte) constituait le menu principal de notre séjour. D'autres découvertes pédestres ainsi que des visites culturelles et touristiques complétaient le programme des trois semaines.
À l'arrivée à Kigali, nous étions accueillis par Réginal, responsable de Rwanda Eco Company (www.rwandaecocompany.com), avec lequel nous avions précédemment mis au point notre voyage.
Après une journée de découverte de la capitale et de son émouvant mémorial de Gisozy, nous filions vers le nord-ouest du pays afin d'être à pied d'œuvre pour débuter, le lendemain, notre randonnée.
Le concept « Congo Nile Trail »
Le CNT est un concept assez récent qui propose de parcourir, du nord au sud, un itinéraire longeant le lac Kivu (coincé entre la RDC et le Rwanda à une altitude de 1 460 mètres, ce lac fait quatre fois la superficie du lac Léman ; le point le plus élevé lors du périple se situe à 2 630 mètres). L'appellation « Congo Nile » a pour origine la crête du même nom qui sépare les bassins des fleuves Congo et Nil. Dommage que ce nom prête à confusion, son lien avec le Rwanda n'étant pas évident au premier abord.
Le Rwanda Development Board (Office rwandais de développement) a inauguré, fin 2011, l'itinéraire de randonnée CNT, faisant ainsi, officiellement, une nouvelle offre touristique et le développement d'une nouvelle activité pour la population. Des études de marché ont été réalisées, puis des ateliers sur la formation professionnelle et le développement durable de petites entreprises ont été organisées au profit d'une soixantaine de participants, dont vingt femmes. Des campagnes de sensibilisation, auprès des tour-opérateurs et des bailleurs de fonds, ont rassemblé une centaine de participants. Une formation pour les guides touristiques s'est également tenue au Centre professionnel de Kitabi, une vingtaine d'entre eux provenant des associations de la jeunesse de districts environnants et huit autres, dont six jeunes femmes, sélectionnés par l'Association nationale des guides touristiques du Rwanda. (1)
À travers différents itinéraires, le CNT offre, sur une longueur de 227 kilomètres, des vues imprenables sur le lac Kivu. L'agrotourisme, activité touristique complémentaire à l'agriculture qui concerne 90 pour cent de la population rwandaise, s'intègre au circuit écotouristique du CNT par la visite des plantations de thé et de café, base économique du pays. Les dépenses des touristes effectuées dans les transports, les hébergements, les attractions, les achats de produits locaux ainsi que leurs donations aux communautés locales génèrent des revenus très significatifs pour l'économie locale. (2)
Les idées de randonnées à pied ou en VTT sont nombreuses au Rwanda, tant les paysages sont diversifiés, et les pistes variées. Parmi tous ces itinéraires, c'est sûrement le CNT qui semblait le plus attirant. Semblait, car l'asphaltage en cours de la portion entre Rusizi (Cyangugu) et Karongi (Kibuye) a enlevé beaucoup de son intérêt. Il n'empêche : s'il n'est plus très tentant de faire la partie sud, la partie nord reste intacte et le trajet inclut beaucoup de « sub-trails », ou boucles de trek à accomplir en un ou deux jours depuis la piste ou la route principale. Il est donc souhaitable que le ministère du Tourisme développe un itinéraire alternatif pour éviter d'emprunter la nouvelle route. (3)
Notre randonnée
Tout au long de la randonnée, nous étions accompagnés de Charles, guide officiel et un des initiateurs du projet CNT, ainsi que de Madja, engagé comme porteur pour soulager Paulette et Marie-Ange d'un bagage trop lourd. Réginal, n'ayant aucune expérience de la randonnée et du CNT, s'était invité à nous accompagner, afin de s'informer sur le terrain des aléas d'une organisation optimale.
L'itinéraire du CNT démarre classiquement à Rubavu (anciennement Gisenyi) (4) et emprunte des sentiers et des pistes, tantôt au bord du lac, tantôt sur la crête, à travers champs, bois, villages multiples, ce qui permet au randonneur d'être plongé au plus près de la vie locale. Tout au long de notre parcours, nous avons été impressionnés par la jeunesse de la population (5) et par l'accueil chaleureux des habitants, se manifestant par les sourires, les poignées de main, les « bonjour » en kinyarwanda ou en anglais (langue qui a supplanté le français à l'école sur décision de l'autorité actuelle), ou encore les bouts de chemins effectués en notre compagnie. Et que dire des regards ébahis des villageois au spectacle de ces « umuzungu » (femme ou homme blanc) marchant pour le plaisir (☺?) avec un sac sur le dos, alors que la marche est leur seul moyen de déplacement et qu'il leur faut transporter tout sur la tête ou sur le dos ! Les rencontrer alors qu'ils travaillaient dans leurs parcelles, se rendaient à l'école ou vaquaient à leurs activités quotidiennes était un réel bonheur et, les prendre en photo, un plaisir partagé.
Dans les petits commerces locaux, nous pouvions sans difficulté nous approvisionner en boissons (surtout les bouteilles d'eau !) et en compléments alimentaires.
Jour 1 : Rubavu (Gisenyi) - Rwinyoni, par le sentier de Nyamyumba
Après le briefing d'usage avec le guide, départ matinal depuis l'hôtel Paradis Malahide. En quittant la ville, passage le long de la brasserie Bralirwa (qui produit notamment la Primus et la Mutzig, ainsi que les limonades), très importante au niveau du pays, puis, alternativement, par de petites criques au bord du lac (avec la présence, ici et là, de résurgences d'eau chaude à l'odeur soufrée) et au milieu des parcelles cultivées, en surplomb. En principe, nous devions passer la nuit sous tente, au bord du lac, mais un gros orage rend impossible l'usage d'un matériel trop... perméable fourni par notre « tour- opérateur ». Réginal trouva rapidement une solution de rechange au sec.
Jour 2 : Rwinyoni - Kinunu
Cette étape transite par Nkora, célèbre village de pêcheurs traditionnels où le marché bat son plein lors de notre passage, puis par les plantations de café et les bananeraies. Hébergement dans la demeure de vacances d'un ancien sénateur à Kinunu, où nous visitons la station de lavage de café.
Jour 3 : Kinunu - Musasa
Après un crochet par la renommée église catholique de Kinunu, où nous assistons par hasard à une répétition de la chorale locale, poursuite de la randonnée en profitant de points de vue sur le lac et sur les plantations diverses (café, thé, fruits et légumes multiples : haricots, patates douces, ignames, aubergines, carottes, tomates, sorgo, amarantes, bananes, fruits de la passion, papayes, goyaves, avocats, oranges, etc.), au plus près de la vie rurale. Passage par une autre station de lavage de café (Bwimana) à Musasa. Nuit prévue en bivouac mais la météo nous réserve la même mésaventure (orage du soir), Réginal organisant dès lors un plan B en louant les services de motos-taxis qui nous conduisent, presque acrobatiquement, à travers la campagne ondulée, vers un hébergement en institution scolaire, ce qui nous vaut une expérience unique.
Jour 4 : Musasa - Karongi (anciennement Kibuye)
Nous progressons entre les cultures des communautés locales, traversons la rivière Coko (opération compliquée pour certains à cause des travaux de réfection du pont qui enjambe la rivière), passons par le centre de santé de Kibingo, les villages de Gatunda, Mushubati et Rubengera. Nuit à l'hôtel Béthanie dans un cadre superbe. De là, en soirée, nous observons la sortie des embarcations de pêcheurs traditionnels sur le lac.
Jour 5 : repos, visite de la ville de Karongi, notamment de son marché très animé.
Jour 6 : Karongi - Kigarama via Mugonero
Une des particularités du lac Kivu réside dans le fait que ses eaux profondes contiennent une gigantesque quantité de gaz dissous, notamment du méthane. Son exploitation permettrait au Rwanda d'accéder à l'autonomie énergétique. Mais le Congo, qui possède une partie du lac, lorgne aussi sur cette « mine d'or » ! À Karongi, nous longeons les installations en cours d'élaboration d'un projet d'exploitation de gisements de gaz méthane. Passage par les villages de Mubuga, Gishyita, Mugonero (où existe un hôpital) et vue sur le Mont Bisesero (parfois nommé « le Ghetto de Varsovie rwandais »). Nuit sur le site de l'ancien orphelinat, devenu centre d'accueil pour jeunes femmes violées à Kigarama (« Esperance Orphanage »).
Jour 7 : balade autour de Kigarama
Initialement, nous devions rejoindre Karengera. Mais, comme signalé plus haut, la piste principale est actuellement transformée en une route importante, le chantier étant dirigé par des Chinois. L'étape fut donc remplacée par une balade locale proposée par notre hôte, et une deuxième nuit à l'Espérance s'ensuivit.
Jour 8 : Kigarama -Rusizy (anciennement Cyangugu)
Avec l'assistance d'un villageois qui aidera Charles à trouver des sentiers de rechange, poursuite de la randonnée alternativement au bord du lac et sur la crête jusqu'à la jonction de la route en construction qui reliera Rusizy à Karongi. Nous embarquons dans un bus local pour éviter les désagréments du chantier, avant de reprendre un bout de chemin à pied et de rallier le terminus de Rusizy en taxi. Le soir même, tout en fêtant la fin du périple avec une (ou deux, trois...) bonne bière bien méritée, nous apprenons avec désolation que le bateau par lequel nous devions remonter à Rubavu (Gisenyi) sur le lac Kivu, était indisponible pour cause de remise en peinture.
Du coup, nous revenons au nord du pays en bus local, relayé par un véhicule de Rwanda Eco Company venu en catastrophe à notre rencontre en cours de journée, ce qui nous permet de visiter une usine de transformation de thé ayant pignon sur rue en Afrique de l'Est et dont la production a la cote à Mombasa, port kényan, d'où il est exporté en Occident.
Les volcans et la forêt primaire
Dans la foulée, le lendemain, nous avons rendez-vous pour gravir un volcan, le Bisoké, dont le cratère culmine à 3 711 mètres dans le parc national des Virunga. Le choix du Bisoké s'imposait à nous pour des raisons de budget limité, d'autres volcans ayant des droits d'accès beaucoup trop onéreux (notamment pour aller à la rencontre des gorilles). Il y est possible aussi de randonner plusieurs jours, en autonomie complète, mais obligatoirement accompagné par des guides officiels du parc, sans aucun doute une expérience qui mériterait le détour.
Encadrée par un guide, des villageois offrant leurs services comme porteurs, et des militaires imposés pour notre sécurité à cause de la présence de rebelles au RDC tout proche, cette ascension du Bisoké, rendue glissante par les orages de la nuit, fut une belle aventure tant par la nature qui nous offrait ses charmes avec sa végétation exubérante et par l'originalité du pique-nique pris à même le cratère situé à quelques enjambées du Congo dont l'accès est interdit. (photo)
Après le retour en plaine au pied des volcans, nous traversons, par des pistes cabossées, d'immenses champs de plantations de thé, de pommes de terre et de pyrèthre (plante à potentiel insecticide naturel).
Trois autres jours furent consacrés par deux d'entre nous à des balades, au cœur d'une forêt primaire dans le parc national de Nyungwe, au sud-ouest du pays. Un pont suspendu permet de marcher au-dessus de la canopée. Une sortie très matinale à la rencontre des chimpanzés constitua un nouveau grand moment de ravissement. Ici aussi, existe la possibilité d'une randonnée de trois jours en autonomie complète, encadrée par des guides, pour rejoindre la source du Nil la plus méridionale.
Fin du séjour
Les dernières journées furent consacrées au volet culturel, historique et touristique du séjour avec la visite de musées, d'anciens palais royaux, du parc national de l'Akagera, etc. D'autres rencontres humaines ont également enrichi les uns et les autres.
Pour conclure
Visiter un pays à pied permet d'être au plus près de la réalité, de découvrir les conditions de vie des habitants, de pouvoir, même brièvement, entrer en relation avec eux. Sans vouloir aborder plus en détails l'histoire de ce pays au passé tragique (ce n'est pas l'objet dans cette revue), je puis témoigner que, partout, l'accueil fut chaleureux et que les paysages par lesquels nous avons transité sont grandioses. Reste maintenant aux responsables du tourisme local à trouver de nouveaux sentiers dans la partie sud du « trail » pour lui garder tout son charme.
Sources :
(1) http://step.unwto.org/fr/news/2012-02-23/inauguration-du-sentier-congo-nile-au-rwanda
(2) http://inzulodge.com/2011/11/23/passionnes-de-hiking-venez-decouvrir-le-congo-niletrail/
(3) « Petit Futé – Rwanda », édition 2015
(4) Le pouvoir actuel a décidé de donner un nouveau nom aux villes importantes du pays.
(5) Le Rwanda est le pays d'Afrique dont la population est la plus dense. Près de 50 pour cent des Rwandais ont moins de 15 ans.
Détails pratiques :
Prendre du matériel léger mais ne pas oublier les vêtements de pluie !
Possibilité d'acheter pain, boisson, beignets (amandazi), fruits et légumes dans les villages traversés.
Inutile de se munir de pastilles purifiantes pour l'eau : on peut acheter de l'eau en bouteille presque partout.
Prévoir de partir toujours tôt le matin, afin d'arriver aux étapes avant le coucher du soleil (vers 18 heures).
Se faire accompagner par un guide ou un porteur local, car le pays est sûr, mais la population n'a pas encore tout à fait l'habitude du tourisme de randonnée, et un guide est le meilleur intermédiaire avec les villageois. De plus, l'enchevêtrement de multiples sentiers risque de poser problème à l'aventurier.
Possibilité de faire des boucles locales d'une, deux ou trois journées.