Rome n'est plus dans Rome

Les photos vont suivre...

Le texte est une version plus complète d'un article publié dans le numéro de juillet de la revue SGR, avec quelques fichiers (traces) à intégrer dans un GPS ou un smartphone, au format standard gpx. Le thème est la capitale romaine et la possibilité d'y mélanger randos urbaines et plus montagnardes.

Rome n'est pas située bien loin des montagnes. Les Apennins, qui forment la colonne vertébrale de la botte, sont accessibles depuis la Cité éternelle avec le train ou le bus en moins d 'une heure. Il y a donc moyen de marier un tour de Rome et des balades dans des basses montagnes. Ou vers le sud, où s'étalent les Castelli Romani, une zone d'origine volcanique, où la noblesse romaine est venue se réfugier dans des places fortes situées en hauteur, avant d'y venir en villégiature, avec Frascati et Castel Gandolfo.

Nous avons pu expérimenter cette heureuse combinaison au mois de février dernier composée d'une randonnée urbaine d'une journée (une vingtaine de km) et de deux autres journées passées hors de Rome, dans les premiers contreforts des Appenins, au départ de Tivoli, dans le parc du Mont Catillo, et dans le parc des Castelli Romani, au départ de Frascati.

Durant l'été la ville est sans doute moins agréable avec la chaleur écrasante qui peut y régner. En revanche les montagnes proches, même si elles ne sont pas bien hautes (800 à 900 mètres tout au plus) sont plus vivables. Le randonneur renouera avec la tradition.

Loger près d'une gare

Pour organiser ce type de séjour mixte il est conseillé de loger plutôt dans les environs d'une gare. Près de la gare de Termini, près de l'Opéra et de Ste Marie Majeure, par exemple. Le métro permet d'y rejoindre, si nécessaire, Tiburtina, l'autre grande gare de la capitale. Pour se guider, Rome ne pose pas de problème, une carte de la ville est aisée à trouver. Pour les sentiers à Tivoli ou Frascati il y a des balisages plutôt efficaces placés par le Club Alpin italien, lequel utilise les couleurs rouge et blanche identiques aux Sentiers de Grande Randonnée. Les chemins évoqués ici ne présentent pas de difficulté particulière, à condition, toutefois, de disposer de chaussures de randonnées (tige basse).

Tivoli et le parc du mont Catillo. Tivoli est une ville située à une trentaine de kilomètres à l'est de Rome, sur premiers contreforts des Apennins, dans les monts Tiburtins, accessible par le train ou le bus. Elle est généralement visitée pour la Villa d'Este, du nom d'un cardinal qui y a bâti une magnifique demeure et un jardin féerique remplis de fontaines, pour la Villa Gregoriana. Et pour son temple de Vesta, copié un peu partout dans le monde. Tivoli est aussi un point de départ pour la réserve naturelle du Mont Catillo, éminence qui surplombe cette ville. Le marcheur passe de la ville à une ambiance de rando quasi corse, passant de 200 m (Tivoli) à des hauteurs autour des 600 mètres, dans une ambiance de moyenne montagne. La réserve, qui couvre plus de 1300 hectares, intéresse les amateurs de flores et de faunes, qui y trouvent notamment une orchidée en voie de disparition, l'ophrys tenthrède. Le départ des randonnées n'est pas situé bien loin de la gare, près de l'entrée de la Villa Gregoriana et sa cascade, via Quintilio Varo, à hauteur d'une arche. La réserve est traversée par des sentiers balisés par le Club Alpin italien. La balade proposée fait 18 km, mais il y a moyen de construire des boucles sur mesure. Le démarrage sur le sentier 330 (direction Colle Lucco), vers l'Est, débouche rapidement sur une vue plongeante sur Tivoli, notamment sur le temple de Vesta (1er siècle après JC), et sur la plaine qui va vers Rome. Par temps clair la ville éternelle est visible à l'horizon. Plus près de Tivoli on aperçoit les carrières de travertin qui ont alimentés les chantiers des palais et églises romains (dont la colonnade de la place Saint Pierre). Ce seul point de vue vaut le déplacement. Le sentier continue à grimper et passe à côté de la croix du Mont Catillo (détour facultatif, 430 m d'altitude). Après avoir contourné un centre sportif, le sentier continue à grimper doucement pour évoluer en crête, pendant 3 ou 4 km, après avoir passé une barrière pour le bétail. Le parcours offre souvent à droite une vue dégagée sur la vallée de l'Aniene et d'autres montagnes des Apennins et traverse une plaine calcaire et quelques bois. Moins d'un km après un croisement vers le Colle Lucco, après avoir dépassé une maison (et peut-être des chevaux en liberté), prendre à gauche le sentier 331b pour revenir vers Tivoli. L'ambiance change : le sentier descend dans les bois. Le marcheur croise de temps à autre une vache aux cornes verticales. Attention, les balises ne sont pas toujours très visibles, il faut être attentif. Après le bâtiment Fonte Bologna (une source), le trajet continue sur le sentier 331 pendant 300 m, jusqu'à une bifurcation. Le choix proposé est d'aller vers Tivoli ou de terminer en beauté par des reliefs un peu plus montagneux. A droite, le chemin 334 propose une belle partie vers le colle Lecinone (612 m), puis, par le sentier 335 (enfin sentier, c'est un grand mot : ici il faut suivre les balisages peints sur les rochers et les arbres) qui mènent au belvédère que constitue le mont Sterparo. Il offre une vue sur les monts sabins et Tivoli (depuis l'est), au pied d'une croix. Le retour se fait en descente par le sentier 332, plutôt rocailleux dans le premier kilomètre. Il s'enfonce un vallon boisé où l'on traverse à droite un ruisseau (parfois asséché) pour remonter par le sentier 331C qui sort des bois. Et fini par redescendre en une route empierrée qui serpente vers Tivoli, et débouche sur la via Quintilio Varo, pas loin du point de départ, près d'un pont de chemin de fer. Une journée dans la réserve du mont Catillo peut se combiner avec une visite de Tivoli. Il y a même moyen, l'été, de visiter la Villa d'Este et ses jardins le soir.

Frascati est les Castelli Romani. Les Castelli Romani (forteresses romaines) forment un petit massif volcanique au sud est de de Rome, avec quelques lacs, dont le lac Albano. Ils forment un parc régional. Nous proposons ici de partir de Frascati, relié à Rome par le train (environ 30 minutes depuis Termini). Le parc est sillonné de sentiers numérotés qui autorisent une combinaisons de balades. En passant près de somptueuses et anciennes villas, souvent non visitables hélas. Et aussi de passer par les ruines antiques de Tusculum. La boucle qui figure sur le fichier GPS en annexe s'étend sur environ 19 km. Elle débute à Frascati. En sortant de la gare l'imposante villa Aldobrandini domine la ville (disons même qu'elle l'écrase), comme un mini-Versailles tourné vers Rome. Elle ne se visite pas, mais le jardin oui. Le marcheur part vers la villa et, arrivé devant le grillage, prend la route à gauche vers le parc Ombrinello (via Catone), pour aller chercher le sentier 501, en continuant par la viale Borromini, après avoir passé un imposant portail ocre décati posé sous un arbre énorme. Le sentier 501 longe un mur sans âge, parfois effondré, de la Villa Falconieri jusqu'à une petite chapelle située à un carrefour. Les pas continuent à longer le mur jusqu'à la villa Mondragone, dont on peut apercevoir la superbe cours intérieure. Le circuit continue sur une route qui descend vers la plaine viticole, en offrant une vue panoramique qui porte vers les Apennins, vers le nord et Tivoli. Pour arriver à un village perché, Monte Porzio Catone, au milieu des vignobles. Option possible : visiter le village, qui compte un musée du vin. Pour continuer la balade, qui devient ici urbaine, on quitte le localité on remontant à droite la via Tusculone pour suivre le sentier 502. Après des villas isolées le marcheur se retrouve rapidement dans la campagne et les collines. Prendre à gauche au carrefour, en suivant le sentier 503a, qui offre une vue dégagée sur les monts des Castelli Romani. La présente boucle pousse jusqu'au mont Salomone (presque 800 m d'altitude), que l'ont rejoint après un crochet à gauche vers une asinerie (Collina degli asinelli), près du village de Monte Compatri. Les pas reviennent vers le mont Salomone pour y profiter de la vue (et du cairn), qui s'étend sur un autre village perché, situé à l'est du mont, Rocca Priora, où il y a moyen de prolonger la balade. Retour par le même chemin (503a) pour rejoindre le Monte Tuscolo (700 m) dont la croix se voit de loin. La partie antique commence : les ruines de l'antique Tuscullum propose une étape antique. La petite ville oubliée contient les reste d'un théâtre. Un chemin descend à travers les bois pour revenir sur Frascati. Il passe (sentier 501) au pied d'un couvent. La route continue pour atteindre le carrefour avec le petit oratoire croisé au début de la balade, entre les palais Flaconieri et Mondragone. Reprendre le sentier le long du mur, vers Frascati

Il y a moyen aussi d'organiser des randonnées au départ de Castel Gandolfo, autour du lac Albano. Ou un un périple de deux ou trois jours, au départ de Frascati, à travers l'ensemble des Castelli Romani, en arc de cercle, en allant jusqu'à Castel Gandolfo.

Rome : des hauts et des bas. Avec ses 7 collines, Rome est la ville des (modestes) dénivellés ! Ils débouchent sur des vues où la nature se mêlent aux vielles églises et aux ruines antiques proches. Nous proposons ici une boucle d'une vingtaine de km qui part du quartier de la gare Termini, débute par Sainte-Marie Majeure et l'église de Saint-Pierre aux Liens, une église sobre où trône une curieuse statue du Moïse de Michel-Ange. Ensuite la balade consiste à suivre une boucle dans Rome en visant quelques monts offrant des vues pour lire les toits de la Cité éternelle. La première éminence visée est le Pincio (Villa Borghese), où l'on trouve la villa Medicis, avec une vue depuis le nord de la ville, du Capitole au Vatican, sur les innombrables terrasses fleuries construites au-dessus des maisons. De là on plonge dans la vieille ville pour rejoindre le mont Janicule, au-dessus du Vatican en descendant l'escalier de la Trinité-des-Monts (bain de foule). Cette traversée de la ville à hauteur de Tibre peut passer par beaucoup d'endroits. Nous choisissons presque la ligne droite en passant par la Piazza Navone pour traverser le fleuve à la hauteur de la prison de Regina Coeli (un couvent transformé en prison). Les rues mènent au jardin botanique de la ville, qui s'étale sur les pentes du Janicule. Il faudra aller cherche la vue dans les hauteurs de ce parc, du côté des jardins japonais. Là Rome s'étale sur fond de montagnes (enneigées en hiver). Le chemin du retour parcours le Trastevere vers le sud-est, par sa place centrale, pour arriver à l'église San Francesco a Ripa (Ripa = rive), où pour y admirer une troublante statue du Bernin, l'extase de Ludovicina Albertoni. Après ce crochet, on rejoint le Tibre pour le traverser à hauteur de l'ile Tiberine, pour gravir le Capitole puis descendre vers la colonne Trajane, après un regard appuyé sur le Forum. Il reste alors à terminer la promenade remontant vers le quartier de la gare par des rues aux noms évocateurs (via Mazzarino, via dei serpenti). La boucle peut se moduler en y incluant le Vatican ou le chateau Saint-Ange, et aussi en dosant les visites.

Robert van Apeldoorn robert@vanapeldoorn.com

En pratique

* Traces GPS. Nous en proposons une petite dizaine, dont les trois décrites dans cet article (titrées : Tivoli Monte Catillo, Roma et Frascati). 

Castelli Romani: alla croce del tuscolo ; Frascati villa Falconi ; Monte sterparo (versante sud) e giro riserva catillo ; Annello di monte catillo ; Colle lecione monte sterparo ; Tivoli ; Frascati; Roma .

* Voyage. Il y a l'embarras du choix. Rome est relié à la Belgique par Ryanair, Vueling, Brussels Airlines et Alitalia, depuis Brussels Airport ou Brussels South Charleroi Airport.

* Guides et cartes. Il y a moyen de commander des guides ou des cartes sur internet. Ou de s'en procurer à Rome. Notamment à la gare de Termini, qui compte une énorme librairie (les livres sur le tourisme et la marche et les cartes topographiques sont disponibles au dernier étage). Une autre librairie de grande taille est située Via Nationale, 254, près de la place de la République, IBS, pas très loin de Termini. Il y a moyen de télécharger des documents gratuits sur le web, comme le guide du Parc des Castilli Romani en pdf.

* GPS et smartphone. Le site Wikiloc contient des circuits au départ de Tivoli et de Frascati,à injecter (au format GPX) dans un gps ou un smartphone (applis avec au moins des cartes Openstreetmap).

* Trains. Les trains partent des gares de Termini ou de Tiburtina. Les tickets s'achètent à des automates (ne pas oublier de composter).

* Réserve du mont Catillo

* Parc Lucreteli. Zone un plus au nord de Tivoli et du mont Catillo

* Parc des Castelli Romani