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Découvrez.... La ligne des Hirondelles
du 8 au 12 avril 2014 dans le Jura
Il est 7 h 30, il a plu toute la nuit. Nos sacs sont prêts à être portés pour cette escapade à pied de cinq jours sur les 120 kilomètres qui séparent Dole de Saint-Claude. L'idée m'est venue lors d'une de mes organisations dans le Jura. J'ai trouvé un dépliant expliquant « La ligne des Hirondelles ». Cette ligne ferroviaire de 123 kilomètres rejoint les deux villes en passant à travers les plus beaux paysages de cette région. Nous rejoindrons, mon épouse et moi, Saint-Claude à pied et retournerons à Dole par train. Dole, avec ses 24 000 habitants et ses 223 mètres d'altitude, est située aux portes du Jura. Elle est accrochée au flanc d'un mamelon calcaire bordé de canaux. Effectivement, le Doubs, le Clauge et le canal Rhône-Rhin passent par cette magnifique ville. La belle collégiale domine fièrement tous azimuts. Un port de plaisance est à ses pieds. Louis Pasteur, inventeur du vaccin contre la rage et bien d'autre chose, est né dans cette ville. Bien avant lui, les Celtes s'y seraient installés, suivis par les Romains et les comtes et ducs de Bourgogne. Prise enfin par les Habsbourg vers 1500, c'est Louis XIV qui redonnera à la France cet ancien espace espagnol.
Une grange terroir
L'Office du tourisme a imaginé un circuit « Le chat perché » (clin d'œil à Marcel Aymé qui a résidé à Dole et écrit les contes des chats perchés). Un document d'accompagnement donne les éléments d'explication des sites rencontrés. Ce parcours est jalonné au sol par des flèches en bronze avec un chat stylisé. Au départ de Dole, nous empruntons une ligne de chemin de fer désaffectée pour rejoindre la forêt de Chaux (deuxième massif forestier français) via le GR 59A. Après avoir traversé une partie du parc animalier, être passés à côté d'un haras, nous nous enfonçons dans la forêt.
La forêt de Chaux
Il y a de magnifiques sentiers, bordant parfois un ruisseau. Ces sentiers semblent être utilisés mais nous ne rencontrerons personne. À la sortie de ce massif, nous débouchons dans le village de La Vieille Loye (Vieux Logis), c'est l'unique village situé en forêt de Chaux. Il y avait une verrerie importante dans les années 1500. Dispersés à l'origine dans l'immense forêt de Chaux pour être au plus près de leurs chantiers, les bûcherons-charbonniers seront rassemblés vers 1830 par les Eaux et Forêts afin qu'ils vivent au sein de hameaux organisés et surveillés. Quinze groupes de baraques furent ainsi construites dans chacune des séries forestières, réunissant une population qui fluctuera entre 450 et 600 personnes selon les périodes. En raison de sa proximité avec le village de La Vieille Loye, seul le quatorzième groupe a survécu à l'abandon de cette vie forestière dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous quittons le GR et prenons la direction de Montbarrey, où passe la ligne des Hirondelles. À partir de ce village, ce sera assez monotone, paysages de notre Hesbaye avec de temps en temps une maison typique de la région. À notre droite et près de la rivière Loue, il y a un camping « La plage blanche ». Nous rejoignons enfin Ounans, notre premier endroit de repos. Ounans est un village assez sympathique de 380 habitants (ville des aulnes), situé dans le Val d'Amour, en rive gauche de la Loue. Le village était situé plus près de la rivière mais, suite à de nombreuses inondations, celui-ci est remonté au fur et à mesure du temps vers le sud. Nous rencontrons au carrefour principal la première épicerie pour nous désaltérer et manger un bout. Dans le village, il y a une ancienne ferme où sont suspendus des chapelets de carottes de maïs de toute beauté. Nous avons parcouru environ 20 kilomètres sans trop de dénivelé, idéal pour une mise en jambes, mais la température est plus élevée qu'habituellement au mois d'avril. Le temps est magnifique ce matin, frais mais ensoleillé. Cette étape sera un peu plus longue (environ 27 kilomètres) et le dénivelé commencera à prendre des valeurs positives. Les paysages sont plus variés avec quelques petites collines et virages. Les couleurs de la nature sont magnifiques. Nous entendons des alouettes et admirons leurs manèges. Nous passerons par les villages de Le Ferté et d'Aumont. Je pensais prendre une ancienne ligne de chemin de fer mais elle est envahie par la végétation.
Nous passerons par Brainans, où nous accomplirons la pause de midi ; un habitant nous offrira une baguette de pain, car il n'y a toujours pas d'épicerie. Nous continuons notre randonnée en passant à côté de prés où paissent des vaches au joli son de clarines. Le dernier village avant la fin de l'étape est Saint-Lothain, nous espérons y faire notre ravitaillement du soir. Il y a une épicerie mais elle n'ouvre qu'à 16 h 30 et il est 13 h 30. Le GR de la Bresse comtoise passe par là. Au cinquième siècle, le moine Lauthein y crée un monastère. À sa mort, le village prendra son nom. Il y a dans ce village une carrière d'albâtre. Ce matériau a servi à faire, entre autres, les tombeaux des ducs de Bourgogne. Notre gîte d'étape est aux Bordes, à 6 kilomètres de là. S'il n'y a rien à manger, nous sortirons nos réserves lyophilisées. Le gîte s'appelle « La maison du haut » et c'est vrai.
Elle est la dernière dans un cul-de-sac montant. L'effort est récompensé, c'est magnifique. C'est un luxe pour les yeux que de remonter ce ruisseau sauvage bordé de pierres moussues, plein de lumière et de plantes d'un vert tellement vert que l'on se demande si c'est vrai. Ce matin, il fait encore très beau, il fait froid mais quel tableau s'offre à nous. Une légère brume floute le paysage coloré par un lavis de soleil. Deux ânes sont dans les champs et quelques mésanges nous honorent de leurs chants. Nous allons rejoindre Doucier, un village près du lac Chalain. Cette étape de 30 kilomètres nous amènera sur le plateau des cinq cents mètres d'altitude. Nous traverserons le village des Plasne via le GR 59 et nous irons voir le cirque de Ladoye.
Le cirque de Ladoye vue d'en haut La vallée de l'Ain avant d'arriver à Doucier
Le petit village de Ladoye-sur-Seille occupe le fond de ce cirque qui forme le site des reculées de la Haute-Seille avec les reculées de Baume-les-Messieurs et de Blois-sur-Seille. Plusieurs petites sources alimentent la Seille qui naît au fond de l'étroite vallée où se trouvent neuf moulins et usines actionnés par l'eau de la Seille et de ses affluents. Vers 11 heures, nous arrivons au village de « La Marre ». Incroyable, une épicerie est ouverte ! Nous en profitons pour manger un sandwich et boire quelques boissons rafraîchissantes. Il fait déjà 26 degrés. Sur ce plateau, les parcelles de terrain sont délimitées par des murs de pierres sèches. Arrivés à Mirebel, un rallye d'anciennes voitures passe par là. Nous les regardons passer au frais d'une fontaine. À ce carrefour, il y a des restaurants, mais nous avons encore pas mal de chemin à faire. Nous passons la colline pour redescendre vers l'Ain. La rivière prend sa source dans le Jura près de Nozeroy, une des plus petites villes de France, et donne au département la moitié de sa longueur. Cette source jaillit d'une résurgence karstique. Elle arrose les départements du Jura et de l'Ain tout au long de ses 200 kilomètres. Elle déroule alors ses méandres avant d'aller se noyer dans le Rhône. Son cours sinueux et profond a été assagi et élargi par les retenues des usines hydro-électriques. Nous remontons par le GR 559, mais celui-ci a été légèrement modifié par rapport à ma carte. Qu'importe, nous arrivons au lac Chalain et Doucier est devant nous. Ce village de 345 habitants est traversé par le Hérisson, cours d'eau aux célèbres cascades. Il fait chaud et les kilomètres commencent à peser. À l'entrée de ce village, il y a une nouvelle supérette pour le ravitaillement du soir. Le camping est complètement au bout sud du village. Un chalet confortable nous attend pour récupérer un peu avant l'étape de demain, qui n'est pas plus facile.
Cascades près du gîte "La maison d'en-haut"
Vers les Bordes
La météo prévoit encore du soleil et de la chaleur, nous quitterons notre beau logement assez tôt car nous avons un passage à plus de 1 000 mètres d'altitude avant de replonger vers Prénovel, une combe à 900 mètres.
Sur le plateau de Prenovel
En quittant le camping à droite, nous descendons vers un virage où nous prendrons à gauche. À partir de ce moment, nous monterons doucement toute la journée. Environ 27 kilomètres nous attendent aujourd'hui. Au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude, le décor change. Certaine fleurs disparaissent, et d'autres espèces nous font l'honneur de leurs belles couleurs. En bas, les tulipes sont fleuries et les jonquilles sont fanées tandis que, là-haut, les boutons floraux apparaissent seulement. Nous arrivons à Saint Maurice-Crillat, ce village de 220 habitants culmine aux alentours de 820 mètres d'altitude. Situé dans la région des lacs et des cascades, on peut y admirer quelques belles fontaines et lavoirs. Il y a également une fruitière à comté. Bâtie en 1853, nous discutons avec Monsieur Berthod, fromager depuis trois générations. Il fait actuellement environ vingt meules par jour, ce qui représente environ 8 000 litres de lait. Cette fruitière est ouverte du mardi au dimanche de 18 h 30 à 19 h 30. À partir de là, deux panoramas vont se succéder. D'abord un magnifique col avec un sommet à 1030 mètres. Succession de virages, des conifères bien droits et fiers et des senteurs de sous-bois. Ensuite, arrivés à Prénovel, nous voyons une énorme combe-plateau remplie de prés verts, de fleurs de toutes les couleurs, et le retour du soleil. L'histoire de Prénovel se confond avec celle des Piards, sa voisine et avec laquelle elle partage une combe entourée de forêt nommée la combe d'Anchey, bien que ce nom ne soit plus guère utilisé de nos jours. Les premiers colons sont vraisemblablement arrivés au tout début du Moyen-Âge. La combe se trouvait alors aux confins du territoire de l'abbaye de Saint-Oyen (futur Saint-Claude), que les moines avaient bien du mal à défendre, paraît-il !
Arrivée aux Bordes
Ce matin, il fait encore splendide au niveau de la météo. Pour cette dernière étape, plus courte que les autres (18 kilomètres), nous allons atteindre la destination finale : Saint-Claude. Nous longeons un moment cette combe avant de prendre un peu d'altitude, de passer un col où nous verrons au passage une hutte forestière où il est possible de loger gratuitement mais de manière spartiate. Nous redescendons sur un plateau où nous cheminerons dans la forêt jusqu'au petit village de Valfin où nous croisons le GR9 ; nous pourrons mieux visualiser l'espace grâce à une table d'orientation et un panneau explicatif. De là, nous voyons les sommets enneigés de la frontière avec la Suisse et également l'endroit où Saint-Claude nous attend, très bas ! Nous commençons à descendre. À ce niveau, il y a plusieurs possibilités pour arriver à Saint-Claude. Nous choisissons la plus facile. Ce samedi, il n'y a qu'un train qui part de Saint-Claude vers Dole. Nous n'avons pas envie de le rater... Nous arrivons enfin à l'entrée de Saint-Claude ; nous sommes déçus car, si l'approche était splendide, la réalité l'est bien moins. De grands HLM nous accueillent, tout semble abandonné, maisons et commerces. Saint-Claude est situé au confluent de la Bienne et du Tacon. Elle est entourée par la montagne. Une cinquantaine de passages enjambent les rivières. Certains ponts étaient gardés et d'autres payants. Saint-Claude est la capitale du Haut-Jura. C'est une ville de 11 500 habitants, qui est réputée dans le monde entier pour la fabrication des pipes en bruyère et la taille de diamants et de pierres précieuses. Elle est actuellement plus tournée vers le mécanisme de précision et la tournerie (tournage sur bois). Nous nous rendons à la gare pour nous renseigner et ensuite nous allons nous rafraîchir dans un bar PMU en face. Il y a également un hôtel-restaurant « Le Panorama ». Nous passons de l'autre côte de la vallée, il y a le marché ce samedi. Nous visitons le musée de la Pipe et du Diamant et admirons au passage la belle cathédrale Saints Pierre, Paul et André. Nous prenons un petit ravitaillement pour les deux heures trente de voyage dans le train. À 17 h 25, il démarre ! En route vers Dole, nous admirons les magnifiques paysages en passant par Morey, Morbier, Chaux-des-Crotenay, Arc-et-Senans... À Dole, nous rejoignons notre chalet. Nous reprendrons la route vers la Belgique demain...
On aurait bien encore voulu rester, mais le boulot nous attend.
Cathy et Christian d'Andenne
Les cartes IGN France 1:25000 : Dole 3224O, Orchamps 3224E, Poligny 3225E, Lons-le-Saunier 3226ET, Champagnole 3326ET, Saint-Claude 3327OT