GR 123 « TOUR DU HAINAUT OCCIDENTAL »

SEPTEMBRE 2013

Russeignies, champ de colza

Le Tour du Hainaut occidental (T.H.O.) prend son envol au pied du beffroi de Tournai. Nous déambulons sur des plateaux cultivés jusqu’au village d’Ere. Nous faisons un petit crochet pour y visiter l’église Saint-Amand, construite en pierre de Tournai. La plus belle pièce, à mon avis, est le fragment d’une pierre baptismale romane représentant des animaux fantastiques. Le village d’Ere est très paisible et nous y saluons au passage des joueurs de bourle, jeu traditionnel du nord de la France et pratiqué aussi dans la région de Tournai-Mouscron. Dans les environs de Willemeau, nous admirons deux belles fermes dont celle de la Motte-Baraffe qui a conservé un donjon médiéval du XIVe siècle. La traversée champêtre du plateau mélantois n’est pas aisée car le sentier est tout embroussaillé. Après le pique-nique, légère descente dans un joli vallon. À l’entrée de Guignies, notre attention de naturalistes est attirée par un hôtel à insectes. À quelques mètres de là, un jeune homme travaille dans un potager. La conversation s’engage et nous sommes tout heureux d’apprendre qu’il est l’auteur du refuge à insectes et qu’il cultive ses légumes de façon traditionnelle sans engrais chimiques ni pesticides. De la part d’un fils d’agriculteur, ce n’est pas monnaie courante … Après Wez-Velvain, les bois de la Sucrerie et de Lognerœul, nous débouchons sur une petite route pavée digne de « l’Enfer du Nord ». À Lesdain, nous entrons dans la région connue pour ses pépinières et sa culture du rosier. Bien vite, nous arrivons à la « pierre Brunehault » qui est le plus grand mégalithe dressé (23 tonnes), de Belgique. Sa partie émergée mesure 4,25 mètres de haut, 3 mètres de large et 60 centimètres d’épaisseur ! Nous rejoignons ensuite Bléharies, terme de la journée. Nous retournons en stop à Tournai pour le logement.

Pierre Brunehaut à Hollain     

Voies lentes

De retour à Bléharies, après avoir franchi le pont sur l’Escaut, nous déambulons sur sa rive droite. Après deux kilomètres, nous quittons le chemin de halage et abordons bientôt la zone humide de Laplaigne. Nous la franchissons sur des digues, envahies d’orties, qui dominent les basses terres planes des rives de l’Escaut, conquises sur les marais. Au « Grand Large » de Péronnes, nous faisons une courte halte au petit chantier naval. Nous suivons ensuite l’ancien canal Pommeroeul - Antoing (ouest). Entre le hameau de Vezoncheau et Callenelle, l’itinéraire est très charmant, verdoyant, et un tronçon surplombe la profonde tranchée du canal. Après le hameau de Gros Mont, nous arrivons dans la campagne péruwelzienne. Le sentier GR traverse bientôt une peupleraie, puis devient un ruban bétonné d’une ancienne voie ferrée, heureusement ombragé car il fait chaud. Un « hors GR » nous permet de déguster un café dans le centre de Péruwelz ; la petite ville est assez quelconque. Le parcours champêtre se poursuit jusqu’au mont de Péruwelz et la frontière franco-belge. Nous longeons un long mur et débouchons sur un poteau directionnel (GR 122/123 et 121). Après avoir dévalé un joli sentier très vert, nous aboutissons à 200 mètres de la basilique Notre-Dame de Bon-Secours. Les portes sont closes et elles le seront aussi, malheureusement, le lendemain matin.

Ancien canal Pommeroeul-Antoing      Bon-Secours, basilique Notre-Dame

Passé minier

Il fera très chaud aujourd’hui. Le relief n’exigera pas de gros efforts, mais la chaleur et le poids du sac grignoteront doucement mais sûrement notre énergie, au fil des kilomètres. Magnifique parcours matinal dans la forêt qui s’éveille ; l’atmosphère y est mystérieuse ; de longs rais de soleil obliques traversent la futaie. Nos sens sont à l’affût d’un éventuel mammifère… Ce n’est que silence autour de nous. Un moment inoubliable... À l’entrée de Bernissart, nous nous arrêtons devant une « machine à feu » restaurée, témoin de son ancienne industrie houillère. Mais la localité est surtout connue par les découvertes en 1878 d’impressionnants squelettes d’iguanodons dont la plupart sont exposés au musée des Sciences naturelles de Bruxelles. Après avoir flâné le long d’un tronçon de l’ancien canal Pommeroeul - Antoing (est), nous traversons un taillis égayé par le vol de nombreux lestes verts (petites libellules à l’abdomen long, vert métallique). À Harchies, nous faisons un petit crochet pour nous diriger vers l’église, à coté de laquelle se dresse une jolie plaque funéraire ancienne. Nous quittons le village par des sentes bordées de hauts murs. Un peu plus loin, une surprise, de taille (au sens propre comme au figuré) nous attend… le pont sur le canal Nimy - Péronnes est démantelé… ce qui nous obligera à faire un détour sans intérêt de trois kilomètres et ce, sous un soleil brûlant : le couvre-chef s’impose, les joues rougissent, la sueur coule du front et le long des tempes… Ce contretemps nous privera malheureusement du joli site de la « mer de Sable » dans la forêt de Stambruges. À la sortie du bois de Ville-Pommeroeul, nous arrivons au point de séparation des GR 121 et 123. Nous quittons ici le parc naturel des Plaines de l’Escaut. Nous poursuivons sur une route en lisière puis déambulons dans un site arboré renfermant des anciennes carrières, à présent inondées. Au sortir des frondaisons, large vue sur les installations industrielles du Borinage. Nous traversons le village de Villerot qui abrite un joli presbytère du XVIIIe siècle. Un chemin parcourant un coin de forêt nous amène au site de la « Croix Caillaux », où nous quittons le GR pour rallier Baudour via la N526 qui traverse le bois. Nous y prenons le bus pour Mons (logement). Une bonne douche s’impose !

Château d’Attre

Attre

Journée caniculaire. L’après-midi, le thermomètre dépassera les 30 degrés ! Le matin, agréable cheminement dans le bois de Baudour, bois mixte dont les feuillus sont majoritairement des chênes et dont les sous-bois sont couverts de grandes fougères. Après avoir quitté le village d’Erbaut, une passerelle nous permet de franchir la Dendre orientale et nous entrons à Lens que nous visitons par une enfilade de venelles et sentiers. Ensuite, une longue traversée champêtre nous amène au pied d’un tertre de la croix Saint-Ghislain, couronné de tilleuls. Nous multiplions les pauses, à l’ombre, et buvons beaucoup d’eau. Nous atteignons l’entrée de Brugelette par un chemin herbeux. La localité était surtout connue par sa sucrerie (1870-2008).Très vite, nous passons devant les imposants bâtiments de l’institut Sainte-Gertrude (ancien couvent), situé rue Gabrielle Petit, où une plaque rappelle que l’héroïne de la Première Guerre mondiale y fit ses études. Nous poursuivons vers Attre où nous admirons l’élégant château, construit au cours du XVIIIe siècle, à l’emplacement d’une forteresse médiévale. Sa façade claire, classique, qui allie sobriété et noblesse, domine le jardin à la française de la cour d’honneur. Nous quittons le sentier GR à Mévergnies. Il nous reste un kilomètre et demi pour rejoindre Brugelette, où nous logeons à l’hôtel « Les Auges ». La localité vaut certainement qu’on s’y attarde mais nous n’avons pas suffisamment de temps pour la visiter plus amplement.

Hôpital Notre-Dame à la Rose

 Lessines, hôpital Notre-Dame à la Rose

Lever très matinal car nous avons une trentaine de kilomètres à parcourir aujourd’hui avant de prendre le train pour le retour. Nous quittons Mévergnies et ses anciennes carrières de grès à pavés par un plateau champêtre suivi d’une zone boisée. Peu après le point de séparation des GR121 et 123, un pittoresque sentier à escaliers nous amène au pied de la petite église de Gondregnies. Avant Silly, gros bourg situé à la lisière de sa forêt domaniale, le GR file en sous-bois, vagabonde sur une petite route, devient un vieux sentier dévalant vers le ruisseau du Marais, puis traverse le joli vallon. Après le pique-nique dans le bois Bara, nous arrivons assez vite à l’entrée de Bois-de-Lessines et ensuite, au beau château de l’Estriverie ; nous sommes agréablement surpris par l’édifice imposant aux tours jumelles, entouré de douves. Sept kilomètres nous séparent encore du pont écluse sur la Dendre. Le passage dans le bois d’Acren est suivi d’un parcours champêtre. La région de Deux-Acren, Lessines et Flobecq a été longtemps un centre réputé pour la culture des plantes médicinales. Le ciel se couvre. Au point de liaison avec la jonction vers le GR 5A, nous jouissons d’un tronçon très bucolique entre les prairies et côtoyons un bras de la Dendre. Nous rejoignons Lessines par un cheminement le long de la Dendre qui aurait pu être charmant et plaisant si la pluie ne s’était pas mise à tomber. Mais ne nous plaignons pas : belle randonnée encore aujourd’hui avec nombreuses venelles dans les villages traversés et sentiers dans la campagne. Nous avons parcouru 138 kilomètres (« hors GR » compris).Que nous réserveront les nonante-six kilomètres restants pour boucler le Tour du Hainaut occidental à Tournai ?

Gondregnies 

OCTOBRE 2014

Au pays des Collines

Nous reprenons le GR là où nous l’avions laissé l’automne dernier, à Lessines. Nous ne manquons pas d’admirer à nouveau le bel ensemble formé par la ferme blanche et les bâtiments hospitaliers de l’hôpital Notre-Dame à la Rose. Nous débouchons très vite à la Grand-Place qui peut s’enorgueillir de son imposant hôtel de ville. Le ciel est couvert mais il fait doux. L’itinéraire parcourant la campagne à Ghoy, Ogy et Aubecq est agréable. Après avoir franchi une placette herbeuse, un sentier nous emmène près d’un calvaire où un banc nous invite à nous arrêter pour le pique-nique. À Flobecq, coup d’œil à l’église au style marquant la transition entre le roman et le gothique. À la sortie de la charmante localité, un panneau explicatif sur les vergers conservatoires attire notre attention. Il s’agit d’un beau projet à l’initiative du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux. Il regroupe les Groupes d’action locale d’Assesse-Gesves, de Haute-Meuse et du Pays des Collines. Un pittoresque labyrinthe de sentiers nous promène entre des pépinières. Nous suivons ensuite l’assise déferrée de la ligne 87 aménagée en sentier touristique. À l’est, nous contemplons la ligne de crête des Collines. Le très beau parcours aux paysages splendides est légèrement vallonné et côtoie bois et bosquet. Nous apaisons nos petits creux avec des châtaignes et des noix glanées en chemin. Après le « sentier de l’Étrange » aux figures fantasmagoriques, on aperçoit bien vite le clocher d’Ellezelles, localité réputée par son folklore voué aux sorcières dont Quintine Delle Clisserie, brûlée en 1610. Quintine est aussi le nom donné à une bière locale, à déguster sans hésitation…

 Ellezelles

 Ellezelles

Vers le mont de l’Enclus

Nous profitons pendant deux heures encore des vallonnements champêtres des Collines : à Sémenil, joli panorama. Après la séparation avec le GR 129, nous traversons la belle futaie du bois d’Hubermont. À Saint-Sauveur, nous avalons notre pique-nique dans le café local où nous étions déjà allés lors du balisage d’un tronçon du GR 123. Très bon accueil. Nous faisons bientôt connaissance avec la rivière la Rhosnes que nous rencontrerons encore plusieurs fois lors de notre randonnée. À Ainières, un joli fronton « art nouveau » attire notre attention. C’est assez surprenant de voir un tel ouvrage sur une maison située dans un hameau… À Wattripont, un château au crépi rose vaut que le regard s’y attarde quelque peu. Des champs de colza colorant la campagne d’or nous accueillent à Russeignies. Tout au long de notre cheminement entre ces villages paisibles, nous serons agréablement surpris de voir régulièrement des chevaux paissant dans les prés. Seul bémol : trop d’asphalte, à notre goût. Nous voilà arrivés au mont de l’Enclus (Kluisberg), site touristique et sportif réputé, qui prolonge le Pays des Collines jusqu’aux rives de l’Escaut.

Wattripont 

La vallée de l’Escaut

Nous quittons le Centre protestant d’Amougies, où nous avons logé, par une sente très discrète. Après être descendus vers l’Enclus-du-Bas, nous débouchons bientôt à l’aplomb de la plaine de l’Escaut. Arrivés à un carrefour, nous quittons le parcours commun avec le GR 5A. À Orroir, nous retrouvons l’ancienne ligne 87 déferrée et buissonneuse et franchissons une dernière fois la Rhosnes. Comme les jours précédents, nous croisons des chapelles qui, malheureusement, sont quasi toutes très négligées. Quelle tristesse de voir ce petit patrimoine rural et religieux laissé à l’abandon ! La pluie s’est mise à tomber. Nous dépassons deux belles fermes avant d’arriver à Pottes, où nous nous ravitaillons dans la grande épicerie. Heureusement, le café local est ouvert ! Après le pique-nique, le ciel est à nouveau dégagé. Nous rejoignons le chemin de halage le long de l’Escaut et le suivons jusqu’au pont de Pottes. Des chemins champêtres nous amènent au pont de Warcoing. Cette localité est connue par ses sucreries toujours en activité. Bientôt, on entame le charmant chemin de halage le long du canal de l’Espierres qui présente un joli alignement de peupliers se reflétant dans l’eau !

 Canal de l'Espierres

Vers le mont Saint-Aubert

Après avoir longé le parc du château de Bourgogne à Estaimbourg, on arrive bien vite à Pecq : l’église Saint-Martin possède une tour en pierre de Tournai typique des églises scaldiennes. Ensuite, court cheminement le long de l’Escaut, que l’on quitte par un empierré suivi d’un chemin champêtre longeant un ancien bras du fleuve. Endroit pittoresque. L’automne montre le bout de son nez : le sol est jonché de feuilles mortes jaunes et ocres. À l’ancien méandre de Léaucourt suit un passage à travers champ (difficile à trouver). C’est par des chemins de campagne que l’on atteint Obigies. On entame ensuite l’escapade vers le mont Saint-Aubert. On croise une dernière fois l’assise de l’ancienne ligne 87 (qui reliait Tournai et Renaix). Le GR emprunte la drève du château d’Obigies. Au hameau de Frayère, l’itinéraire commence à s’élever. À l’entrée du territoire de Kain, nous enfilons un étroit sentier très boueux et glissant, en sous-bois. C’est par la rampe pavée du « sentier des Poètes » que nous débouchons au pied de l’église du mont Saint-Aubert (148 m). Joli site ! Il ne nous reste plus qu’à descendre vers Kain et l’Escaut dont nous remontons la rive droite pour arriver à notre terme : Tournai, la ville à la cathédrale aux cinq clochers majestueux. La boucle du THO est bouclée. Cette fois encore, le sentier GR nous a enthousiasmés par la variété de son parcours, les paysages, villages et hameaux traversés ainsi que par le patrimoine découvert tout au long du chemin.

Silly


Paulette Claerhout et Daniel Voituron