La Voie Lycienne,  le plus long itinéraire de trekking en Turquie

Après quatre heures de vol depuis Bruxelles, nous atterrissons à Antalaya ce 12 mars à 17H, le printemps est bien avancé, 23° C sur le tarmac. Sur le côté de l’aéroport, nous prenons un autocar qui après 3H et demi de traversée des monts Taurus nous déposera à Fethiye, ville départ de la Voie Lycienne (504 km).

 Carte                             voie lycienne

Cette Voie est en réalité une chaîne de pistes qui relient entre elles les cités lyciennes de l’antiquité. Ce parcours débute dans le port méditerranéen de Fethiye, au sud de la Turquie et rejoint Faralya, Pinara, Letoon, Patara, Xanthos, Kas, Kemer, Kale, Myra, Finike, Olympos, et des villages de montagnes. Il peut même être prolongé jusqu’à la ville touristique d’Antalya, ce que nous ne vous conseillons pas, cette dernière partie est trop touristique, nous l’avons rejoint en minibus, les « Dolmus », qu’utilisent régulièrement les habitants de la région dans la plupart de leurs déplacements !

  descente      voie lycienne

Les côtes sud de la Turquie entre les villes de Fethye et d’Antalya avaient été nommées Lycie du nom de leurs premiers habitants, le peuple lycien. Un peuple qui s’était taillé une solide réputation de guerrier en se battant contre Troie et les Egyptiens. La région devint ultérieurement une zone infestée de pirates que Pompée fut chargé de combattre. Les lyciens avec leur langue, leurs cérémonies et leurs divinités spécifiques passèrent sous le joug des Perses, avant d’être libérés par Alexandre le Grand, et de devenir une province de l’empire romain en l’an 66. C’est ici que débuta le quatrième et dernier voyage de Saint Paul qui allait le conduire à Rome. Des centaines de milliers de pèlerins passèrent également par la Lycie au cours du moyen âge et des caravanes de marchands jusque dans les années 1920. Ils reliaient par voie terrestre l’Egypte à Vienne via Istanbul et le nord de la Grèce. Jusqu’aux années septante encore cette région était essentiellement sauvage, emplie de forêts poussant sur des sols en pierre à chaux, et bordée de calanques cachées, dominées par des bosquets d’oliviers. Tout au long de notre rando nous avons croisés des vestiges, toujours debout, de cette prestigieuse histoire lycienne au sommet des collines ou dans les criques. Les anciennes voies romaines, les aqueducs, les sentiers de caravaniers, certains encore utilisés aujourd’hui par les villageois, et les routes forestières constituent l’essentiel du tracé marqué de traits rouge surmontés de blanc ! Un itinéraire balisé en 1999 grâce aux efforts et aux très nombreux voyages de repérage d’une anglaise, Kate Clow. Cet itinéraire alterne montagnes de la chaîne du Taurus et côtes méditerranéennes. C’est ainsi qu’après une journée passée sous le soleil de la côte, on passe sur les sommets enneigés des montagnes, avant de nous lancer ensuite à la découverte de vestiges antiques exceptionnels s’ouvrant sur de magnifiques paysages, comme les ruines préservées et peu visitées de la ville d’Arykanda. Le fait que la plupart de ces tracés ait une histoire millénaire constitue une autre particularité de cette voie ou les dénivelés quotidiens sont souvent importants, et s’approche de celle du GR 20 Corse, de quoi enchanter les randonneurs les plus blasés.

 voie lycienne      voie lycienne 

L’itinéraire de la Voie Lycienne démarre prés de Féthiye, exactement à Ovacik que l’on peut rejoindre en minibus. Tout de suite on est dans le bain, le sentier démarre en bord de mer et grimpe par une sente escarpée à travers des forêts de pins accrochés aux flans de collines bordées de buissons, de thym, de sauge, de lauriers et aussi d’une espèce d’arbre très rare au monde, le liquidambars,magnifique arbre pyramidal à feuilles caduques aux couleurs splendides en automne.

Voie lycienne     Voie lycienne

 

Voie lycienne      Voie lycienne 


Le parcours est conçu de manière à assurer un hébergement à chaque étape. Durant cette première journée, nous ne croiserons que quelques chèvres. Les très nombreux écriteaux placés sur la route nous éviteront d’avoir le sentiment d’être perdu. Le printemps est sans doute la saison la plus intéressante pour découvrir la flore locale et ses espèces endémiques. Cette marche à travers toute cette nature vierge, ou nous ne verrons au loin que quelques maisons isolées, nous permet de faire des pauses au bord de sources naturelles, avant d’atteindre le village de Faralya ou un sentier nous donnera accès à la vallée des Papillons (Kelebekler vadisi), une crique naturelle qui servit de port.

Voie lycienne      Voie lycienne

Nuit à « Gûlpension », repas copieux à base de poulet, logement confortable mais non chauffé.

Voie lycienne      Voie lycienne

La magie du lieu et l’irrésistible beauté de la mer, située en contrebas, nous feront oublier l’apparente difficulté des sentiers escarpés conduisant au rivage.

 Voie lycienne      Voie lycienne

Plus loin nous arrivons sur un point de vue à flanc de montagne d’où nous aurons un panorama sur la crique de Kabak et toutes les autres anses de la côte, fait de tonalités vertes et bleues. Notre marche se poursuivra à l’abri du soleil protégé par la densité des arbres. Nous ne rencontrerons qu’une seule personne, une villageoise d’une quarantaine d’année porteuse de bois. En une demi-heure elle nous conduira au village d’Alinca ou nous logerons chez des parents de notre premier « gîte ». Ici nous sommes en altitude, 800 m, les nuits sont plus fraiche, 0° C au lever. Le logement est plus spartiate, nous inaugurons la saison nous explique la jeune fille de la maison qui nous sert d’interprète.

Voie lycienne      Voie lycienne       

Après la descente d’un sentier sinueux, cap sur la cité antique de Létôon, ce site ou se trouvent érigés des temples en l’honneur de Léto (la déesse mère), d’Apollon et d’Artémis en plus d’un monastère byzantin et d’un théâtre romain. En empruntant un petit sentier boisé on atteint la plage de Patara, une immense plage de 18 km de sable blanc particulièrement fin. Le site tient son nom de la ville antique qui s’y élevait jadis, le port principal de la Lycie, servant d’entrepôt central. D’où les céréales étaient expédiées d’Anatolie à Rome. En parcourant les dunes de sable qui ont pratiquement englouti la cité antique, nous découvrons un théâtre, un arc de triomphe érigé avec des blocs de pierre particulièrement impressionnants, sans oublier les vestiges du phare, les thermes ou l’église du port.

Etape de deux jours à « Flower Pension », accueil chaleureux, chambre très confortable, repas excellent.

 Voie lycienne      Voie lycienne

La voie chemine à travers plusieurs villages tous spécialisés dans les cultures sous serres, dans celui-ci rien que des tomates, dans le suivant uniquement des concombres, ailleurs encore uniquement poivrons ou courgettes. Semés en novembre, en mars c’est la pleine récolte des primeurs que l’on retrouvera sur les étales des magasins d’Istanbul ou d’Ankara et en Russie ! En direction de Kas, l’itinéraire longe maintenant des kilomètres d’aqueducs qui servent encore en partie à l’irrigation des terres, il est bordé de pins et d’oliviers centenaires avant d’atteindre le plateau de Felen qui domine un magnifique paysage ouvert sur la mer et les îles, une cité balnéaire sans réel intérêt en dehors de ses plages. La ville est entourée des restes d’une forêt de cèdre. Ici nous prendrons un bus pour rejoindre notre itinéraire à Uçagiz, un ancien petit port entouré de trois collines. Des sarcophages s’y entassent les uns à côtés des autres du bord de mer jusqu’aux collines, des tombes romaines, mais aussi des tombes familiales de l’époque lycienne datées du 4° S. av J-C. A quelques centaines de mètres du rivage on distingue d’autres sarcophages immergés ou non.

Voie lycienne      Voie lycienne

Logement à « Lykia Pansiôn », un véritable marchand de tapis qui parle même un peu français, suffisamment rare pour être signalé.

Voie lycienne      Voie lycienne

 

Voie lycienne      Voie lycienne

La nuit quelques gouttes de pluie sont tombées, ce seront les seules en trois semaines ! Le balisage rouge et blanc laisse quelque peu à désirer au sortir du village. Plusieurs sentes se croisent et se recroisent sous les oliviers. Nous longeons ensuite la côte par un sentier de chèvres. Cette étape nous conduit à Andriake, un site d’une grande richesse archéologique, une agora entourée de portiques sous lesquels étaient installées des boutiques, un immense grenier à grains et des entrepôts maritimes tout droit sorti de l’antiquité. L’endroit marécageux est aussi un vrai paradis ornithologique.

Voie lycienne      Voie lycienne

La ville possède, adossé à une colline truffée de reliefs et de tombes, un magnifique théatre antique, l’un des mieux conservés de Turquie. Cette nature escarpée n’a pas empêché les lyciens d’installer leurs morts dans des monuments funéraires rupestres, qui apparaissent au détour d’un sentier, des monuments étonnants ou la roche est façonnée comme de la dentelle, un véritable musée à ciel ouvert, dont les œuvres sont visibles des côtes ou des terres, histoire aussi d’impressionner des envahisseurs potentiels ! Ces tombes monumentales reproduisent des temples dédiés aux cultes des divinités. Demre dispose d’un vaste choix de logements, un endroit idéal pour nous reposer et préparer les étapes à venir. Nous choisissons un logement chez l’habitant un peu à l’écart, ce n’est pas notre meilleur souvenir.

Voie lycienne      Voie lycienne 

Traversée du parc national d’Aladag qui abrite des arbres multi centenaires et rares. L’endroit est aussi une réserve importante pour la faune et la flore dont des crocus, propre à la région, forment en ce printemps.de véritables tapis de fleurs, le décor idéal pour notre halte de midi, avant de descendre vers la ville de Finike, le jardin d’orangers de la Turquie. C’est ici qu’eut lieu en 655 la bataille navale opposant la flotte byzantine à celle des arabes, un brusque changement de vent entraine les vaisseaux chrétiens vers la côte. L’empereur byzantin ne dut son salut qu’à sa fuite, déguisé en pêcheur. Il est 17 H, il nous reste 12 km à parcourir, l’absence de balises à la sortie de la ville nous a couté un temps précieux, nous arrivons de nuit à Karaôz, Dans le noir le plus complet, nous trouvons par hasard un gîte, l’accueil est chaleureux, les repas savoureux et variés, le logement confortable. Notre ténacité n’a pas été vaine !

Voie lycienne      Voie lycienne 

Après un jour de repos et la découverte des criques de la presqu’île, notre parcours nous conduit à Adrassan et ses vergers de grenadiers. Avant de rejoindre Olympos, la ville des dieux, mais d’abord cap sur le « col », par une rude montée à l’ombre des pinèdes pour déjeuner dans ce qui ressemble à un alpage méditerranéen avec une vue imprenable sur la côte et le mont Olympos enneigé ! La descente sera moins agréable, nous enjambons des troncs calcinés pendant plus d’une heure et en fin de parcours passage à gué d’une rivière. Ce soir nous logeons dans une cabane aménagée dans un camping style Hippie des années septante.

Voie lycienne      Voie lycienne

Cap sur le mont Olympos (2365 m), après deux heures de montée, nous arrivons aux pieds du « téléferik », ce n’est pas donné, 25 € par personne, ouf cela couvre l’aller et le retour !

Voie lycienne      Voie lycienne

Au sommet, cela vaut le coup d’œil, les pieds dans la neige -2°C, à l’horizon la méditerranée toute proche.

Voie lycienne      Voie lycienne

Vaut le détour. Nous redescendons, la Voie Lycienne rejoint la côte, cette fin de parcours nous déçoit et nous décidons de l’abandonner pour rejoindre en bus Antalaya un jour plus tôt que prévu.

Voie lycienne     Voie lycienne

Nous en profitons pour faire du shopping et visiter le musée « Lycie », une belle synthèse pour notre fin de rando.

Voie lycienne       Voie lycienne

Dathy

Voie lycienne       Voie lycienne

 

Voie lycienne       Voie lycienne