Rando dans les parcs nationaux du Québec

« Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé

Ils m’ont porté…. » chantait Félix Leclerc

Nous, nos souliers nous ont portés au Québec. Débarqués à Montréal le mercredi 26/9/18, nous traversons en minibus le Saint-Laurent et après 140km, nous atteignons le Parc National du Mont Orford, dans une vraie «  cabane au Canada blottie au fond des bois » comme le chantait Line Renaud, cabane où nous logeons. Le jeudi nous nous lançons dans une première randonnée le long du Lac Stukely » promenade dite du Castor. Cette promenade est annoncée comme facile mais le sentier n’arrête pas de monter et de descendre parmi les pierres et les racines, ce qui ralentit singulièrement notre marche. Et ne nous paraît pas facile. Heureusement il se termine par une belle allée qui nous ramène au point de départ, au Centre de service qui donne sur le Lac : une vue superbe avec les bois alentours, bois de conifères mais aussi de bouleaux et d’érables. Les couleurs commencent à chatoyer.

Le minibus nous emmène 260km plus loin à la ville de Québec, visite de la vieille ville le lendemain puis départ pour le Parc national Jacques Cartier (45 km). La randonnée comporte une très longue montée en plein bois vers un premier belvédère. Très belle vue sur la rivière Jacques Cartier qu’hélas la forêt nous a un peu cachée lors de l’ascension. Mais nous redescendons et la promenade le long de la rivière nous permet de mieux la découvrir. Retour à Québec.

Le samedi, départ pour le Parc national des Grands Jardins (125km). La randonnée débute par une pente relativement douce à travers une forêt d’érables, bouleaux et conifères aux couleurs de plus en plus automnales : rouges, jaunes, verts jusqu’au lac Saint-Georges. Là, les choses se corsent : plus d’érables mais davantage de pins, de bouleaux et surtout le sentier devient ardu. Des escaliers alternent avec les marches creusées à même la roche puis la vue se dégage et fait place à la toundra. La végétation est faite de lichens, d’airelles et laisse passer un vent glacial. Il y a même des lichens crustacés. 480 mètres de dénivelé nous amène au sommet du Mont du Lac des Cygnes. Une vue à 360° nous récompense de cette ascension. A nos pieds, le Lac des Cygnes mais aussi un cratère gigantesque causé par la chute d’un immense météorite, il y a plusieurs millions d’années, le deuxième plus grand du monde dû à une météorite. Une guide naturaliste du Parc National nous explique les roches et l’origine du paysage. Après avoir redescendu, nous reprenons la route pour La Malbaie (60km plus loin).

Le dimanche, 50km de route pour le Parc national des Hautes Gorges de la Rivière Malbaie. Exposé d’un guide naturaliste sur les mœurs et comportements des ours noirs très peureux et donc assez imprévisibles et du haut d’un observatoire nous pouvons observer une véritable tribu d’ours noirs. La nourriture posée au sol (pommes, pop-corn…) ou dans les arbres (couennes de lard..) a en effet attiré une quinzaine d’individus : trois femelles et douze jeunes ours ainsi qu’une multitude de chipmunkset d’écureuils. On se croirait dans un dessin animé de Walt Disney. Puis promenade dans le parc proprement dit mais le temps nous manque pour faire la randonnée programmée. On se rabat sur un petit circuit qui nous permet de contempler la rivière La Malbaie de haut, Malbaie où se pratiquait la drave jadis –le transport par eau des troncs d’arbres abattus par les bûcherons en amont et acheminés ainsi jusqu’aux usines situées en aval. La drave a disparu : dangereuse pour les hommes et polluante pour les rivières.

Le lundi, nous faisons route de La Malbaie jusqu’à Tadoussac à l’embouchure du Saguenay dans le Saint-Laurent (75 km). D’abord nous visitons le Centre d’Interprétation des Mammifères Marins, visite particulièrement intéressante qui permet de comprendre pourquoi cet endroit est fréquenté par les baleines et comment il est riche en nourriture. Puis nous embarquons en zodiac pour observer les rorquals, les bélougas, les baleines, les phoques. Nous sommes au ras des flots et c’est passionnant de deviner le nuage de buées envoyé par la baleine puis de foncer dessus afin de mieux observer sa nage : le dos qui s’arrondit, qui s’enfonce dans l’eau, quelque fois la queue qui se dresse comme un immense éventail et qui vire. Quant aux bélougas, c’est du haut du ferry qui traverse le fjord qu’on a pu les voir nager, leur dos blancs s’alignant ou se chevauchant par moment. Enfin privilège d’un instant : l’apparition d’un phoque nageant à une centaine de mètres de notre embarcation.

Le mardi, de Tadoussac à Saint Fulgence le long du Fjord du Saguenay, il y a 110km. A Saint Fulgence, nous nous ravitaillons dans une ferme « responsable » : élevage de brebis, maraîchage que nous visitons par la même occasion. La fermière est métis et très fière d’afficher sur un panneau à l’entrée les 4 générations de grand-mères indiennes. Une façon de revendiquer cet héritage culturel. En effet, les Français ont noué pas mal de contact avec les premières nations – comme on les appelle au Québec- premières nations qui leur ont appris à pêcher, à cultiver et à survivre dans un milieu et un climat hostile. La vue depuis la ferme sur le Fjord est magnifique : une vaste étendue d’eau, le calme, les bois qui entourent. Tout contribue à faire croire qu’on est dans un îlot préservé !

20 km de route vers le Parc national des Monts Valins. Par manque de temps. Ce n’est pas le Pic Dubuc que l’on escalade mais le Pic de la Tête du Chien. On longe d’abord l’étang des Pères (en souvenir de pères pêcheurs). Un énorme barrage de branches de bois a été construit sur ses bords et surplombe le sentier en contrebas d’un bon mètre. Impressionnant. Puis une pente abrupte entre roches, racines. Parfois des escaliers forts raides. Le tout dans la forêt. Arrivés à une certaine altitude, la toundra : on escalade la roche nue. La végétation se fait rase de type boréal et la vue, à couper le souffle, se dévoile très loin, bien plus loin que le Parc, à plus de 180°. On apprend alors que la roche est la même que sur la croûte lunaire : anorthosite. Le soir, retour à Saint Fulgence.

Le mercredi, 85 km de route vers la Baie Eternité sur le versant Est du Fjord Saguenay : la randonnée dans le Parc national du Saguenay nous fait grimper puis redescendre jusqu’au point de vue de la statue de la Vierge. Cette statue, haute d’une bonne dizaine de mètres, a été édifiée en 1881 à la demande d’un commerçant miraculé puis hissée en une quinzaine de morceaux le long de la falaise depuis le fjord qu’elle domine maintenant. Comme toujours, une vue époustouflante sur le fjord, sur la forêt éblouissante de couleurs malgré le jour qui tombe. Assez tôt : vers 18h, 18h30 !

Le jeudi, on quitte Saguenay pour Saint Gédéon au bord du Lac Saint Jean ( 80 km) puis vers le Parc national de la Pointe Taillon ( 50km). Une promenade en vélo est prévue autour de la Pointe mais le vent particulièrement violent fait hésiter plus d’un. Pour finir, un groupe se lance jusqu’au Cap de la Chevrette (20km – aller) et d’autres se promènent à pied le long du rivage du lac Saint Jean. Très joli paysage plat, paysage fait de tourbière ou de forêt ouverte, peu dense. La faune est riche : castors, orignaux, oiseaux, couleuvre (j’ai même failli en écraser une énorme à vélo). Un couple avant nous a réussi à apercevoir un orignal mais notre groupe est trop nombreux et trop bruyant. Nous les faisons fuir à n’en pas douter. La végétation aussi est variée : cornouillers, érables, sapins, épinettes, frênes, aulnes, airelles, sorbiers...etc . Dans les tourbières, des plantes carnivores. Des étangs aussi parsemés de barrages dû aux castors, des branches mortes et tombées...cela rappelle un peu les paysages des Hautes Fagnes.

Le vendredi, nous visitons le Val Jabert : on y a rénové une ancienne pulperie qui fabriquait mécaniquement de la pâte à papier grâce à la force motrice d’une immense chute d’eau haute de 72mètres, la Ouichouan. Cette fabrique a dû fermer suite à l’industrialisation chimiquede la pâte à papier. On y a reconstitué le village autour, maisons de bois qui a permis d’y loger les travailleurs de l’usine de 1901 à 1927. (magasin, poste, couvent-école, église et habitations…)

L’après-midi, 315 km de route pour Saint-Mathieu-du-Parc près du Parc national de la Mauricie. Visite d’une cabane à sucre où l’on fabrique le fameux sirop d’érable de façon artisanale.

Samedi. Une partie importante du Parc national est inaccessible en auto et l’étendue du parc est telle qu’il est impossible de se rendre à pied au point de départ projeté pour la randonnée. Donc départ du centre de service situé au bord du lac Wapizagonke : tout d’abord le sentier sinue entre des fagnes, une tourbière puis grimpe à travers un très beau bois de bouleaux jaune d’or, après avoir passé un pont sur la rivière, on monte à travers un bois de pins où se trouvent des Ours noirs ( que nous ne verrons pas cette fois-ci). Nous atteignons les Cascades : la rivière saute des roches plates, inclinées, de façon à former une fort grande cascade où les enfants s’amusent à gambader. On est samedi et pas mal de familles sont venues se balader. Puis le chemin nous emmène jusqu’aux falaises, hautes parois rocheuses typiques des Laurentides. Là aussi, les mots manquent pour décrire la magnificence du paysage. Les arbres au fil des jours sont de plus en plus beaux, de plus en plus rouges, écarlates, fuchsias, bordeaux, prune, de toutes les nuances du jaune et chaque fois quelques taches vertes de conifères viennent relever le tableau. L’après-midi une petite balade jusqu’au Lac Gabet dans l’espoir d’apercevoir enfin un orignal. Espoir déçu puis vue sur le Mont du Vieux Brûlis afin de voir comment les feux de forêt peuvent contribuer malgré tout à régénérer la forêt.

Le dimanche, retour à Montréal où l’on visite le Vieux Montréal. Visite très superficielle de la ville certes mais le but du voyage était la randonnée !

Nicole Legrand

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La Malbaie : http://www.aubergelachatelaine.com/

La  Malbaie :   http://aubergelessources.com/

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St Fulgence :   http://gitedelartisan.webplus.net/

St Gédeon :  https://www.aubergedesiles.com/

Pour toute info: kati.palffy@skynet.be